Semelles orthopédiques, posture et ostéopathie
Tout comme l’ostéopathie, la podologie a le vent en poupe depuis quelques temps. Beaucoup de mes patients viennent au cabinet avec des semelles orthopédiques dans leurs chaussures. La plupart du temps, celles-ci ont été faites il y a peu, dans le but de traiter les maux de pieds, genoux ou de dos tout simplement. La première remarque que je me fais dans ce cas là c’est que forcément les semelles ont été inefficaces pour traiter leurs maux. La deuxième remarque est de me poser la question sur la véritable efficacité de ces dernières. Nous allons voir dans cet article pourquoi la plupart du temps des semelles prescrites et portées sont inefficaces, puis nous nous intéresserons sur les véritables pathologies ou les défauts de postures que pourraient traiter ces semelles orthopédiques. Cet article n’est pas exhaustif dans les pathologies du pied, il révèle seulement ce que l’on voit et traite en cabinet d’ostéopathie.
I Rappel Anatomique du Pied
Le pied possède une face supérieure, ou dos ; une face inférieure, ou plante du pied ; une extrémité antérieure ou distale et une extrémité postérieure ou proximale ; un bord latéral et un bord médial. L’extrémité distale comporte cinq orteils , chacun dénommé selon un ordre numérique ascendant de 1 à 5 en allant du plus médial au plus latéral. L’extrémité proximale comporte une partie postérieure en forme de pointe grossière appelée talon Elle s’articule au-dessus avec la jambe au niveau de la cheville.
La face plantaire est relativement creuse, ce qui est dû au fait que le squelette du pied est organisé en forme d’arche à concavité inférieure. On décrit ainsi trois arches : longitudinales médiale et latérale, et transverse. L’arche longitudinale médiale est la plus importante en termes de longueur et de courbure ; elle est constituée, d’arrière en avant, du calcanéum, du talus, de l’os naviculaire des os cunéiformes et des trois premiers métatarsiens. L’arche longitudinale latérale est beaucoup moins prononcée ; elle est constituée du calcanéum, de l’os cuboïde et des deux derniers métatarsiens. L’arche transverse est constituée des os cunéiformes, de l’os cuboïde et de la base des métatarsiens. Cette disposition en arche est rendue possible par l’aponévrose plantaire qui est une bande de tissu conjonctif dense étendue de la partie postérieure du calcanéum aux têtes des métatarsiens. Y participent également les ligaments du pied, ainsi que les muscles et les tendons de la face plantaire.
II Les principales différentes pathologies du pied
a) Pieds plats
Les pieds plats résultent de l’affaissement de l’arche interne du pied. Plusieurs causes peuvent être à l’origine de cela ( causes congénitales, posturologique, musculaire ou bien mécanique). Cela intéresse plutôt les enfants mais de nombreux adultes sont touchés.
b) Les pieds creux
Les pieds creux sont à l’inverse des pieds plats, une exagération de l’arche interne du pied. Il s’y ajoute fréquemment d’autres anomalies telles que la griffe des orteils, une désaxation de l’arrière-pied et une torsion hélicoïdale du pied qui entraîne un trouble de torsion du membre inférieur. Les pieds creux modérés sont relativement communs et souvent bien tolérés. Les signes et symptômes du pied creux sont multiples et s’accentuent en fonction de la sévérité et avec l’âge.
Les pieds creux sont principalement d’origine neurologique. On les reconnaît par leur convexité plus ou moins extrême selon leur gravité, par la griffe des orteils et aussi par le fait qu’ils s’accentuent et s’aggravent avec le temps.
c) Hallux valgus
L’hallux valgus, appelé aussi « oignon », est une déviation anormale du gros orteil vers le deuxième orteil. Cette déviation du gros orteil entraîne une déformation de l’avant-pied, au niveau du premier métatarsien (voir le schéma ci-dessous) et, donc, des difficultés pour se chausser.
L’hallux valgus peut être douloureux à la marche, mais il est parfois totalement indolore.
Lorsque la zone déformée et saillante (l' »oignon ») frotte dans la chaussure, un cal (épaississement dur de la peau) se développe et l' »oignon »devient rouge, chaud et douloureux par inflammation de l’enveloppe de l’articulation (bursite). Il devient alors difficile de se chausser.
Cette déformation fréquente de l’avant-pied a un impact sur les autres orteils qui, chassés par le premier, se recroquevillent.
Cette malformation touche particulièrement les femmes et est souvent bilatérale
Il existe deux formes principales d’hallux valgus : l’une est acquise par défaillance progressive des systèmes de stabilisation du premier métatarsien (vieillissement, micro-traumatismes, surcharge), l’autre par le port de chaussures trop étroite (dans 70 % des cas).
Nb : il existe également une pathologie intéressant le 5ème orteil : quintus varus. Cette pathologie est toutefois moins handicapante que l’hallux valgus.
d) Entorses sous astragalienne, Choppart et Lisfranc
Au niveau du pied, nous pouvons décrire 3 axes articulaires majeurs. Ces 3 axes peuvent être le lieu d’entorse. Ces 3 types d’entorses peuvent être traitées de façons mécaniques par l’ostéopathie.
1) Arrière-pied : articulation sous astragalienne
L’arrière-pied est la portion postérieure du tarse. Il est constitué par le talus et le calcanéum étant au-dessus et légèrement médial par rapport au calcanéum, tout en étant plus court que ce dernier. Le talus est un des os de la cheville ; il s’articule en haut avec le tibia principalement, et aussi avec la fibula (ou péroné). Le talus s’articule également en bas avec le calcanéum .
2) Le médio-pied est la partie antérieure du tarse.
Il est constitué de cinq os: l’articulation de Choppart. Côté interne, il y a une double rangée : il s’agit de l’os naviculaire en arrière et des trois os cunéiformes en avant. Latéralement, il n’y a qu’un os : l’os cuboïde. Concernant la partie médiale, l’os naviculaire s’articule donc en arrière avec le talus, latéralement avec l’os cuboïde, en avant avec les os cunéiformes médiaux, intermédiaire et latéral. Ceux-ci occupent une position relative entre eux cohérente avec leurs noms et sont chacun en rapport en avant avec un des trois premiers métatarsiens L’os cunéiforme médial est par ailleurs articulé sur sa face médiale avec l’os cuboïde. La partie latérale du médio-pied est occupée par l’os cuboïde, qui s’articule donc : sur sa face postérieure avec le calcanéum sur sa face médiale, en arrière avec l’os naviculaire et en avant avec l’os cunéiforme médial ; sur sa face antérieure, avec les quatrième et cinquième métatarsiens.
3) Avant-pied : articulation de Lisfranc
L’avant-pied correspond aux métatarses et aux phalanges Les métatarsiens sont articulés au niveau de leur base avec : les os de la rangée distale du tarse soit dans l’ordre les os cunéiformes médial, intermédiaire et latéral pour les trois premiers, et l’os cuboïde pour les deux derniers ; et avec la base du ou des métatarsiens adjacents. Au niveau de leur tête, les métatarsiens sont chacun en rapport avec la base de chaque phalange proximale respective. Les phalanges du pied sont disposées de la même manière que celles de la main ; une phalange proximale est articulée en avant avec une phalange moyenne(dite phalangine), elle-même articulée en avant avec une phalange distale(dite phalangette). Tout comme pour la main, les premières phalanges ne sont que deux, la proximale et la distale. Enfin, chaque métatarsien et les phalanges correspondantes forment ensemble une même structure appelée rayon.
Ces 3 articulations peuvent se trouver en état d’entorses ostéopathiques, c’est à dire que leur non mobilité peut entraîner des douleurs dans le pied lors du mouvement ou du repos.
III Posturologie et semelles orthopédiques
a) Effets sur des pieds plats/creux
Pour moi, la podologie et la pose de semelles orthopédiques est essentielle pour des pieds plats ou creux. Je pense que c’est, à mon sens, la meilleure possibilité qu’il soit offerte pour combattre les complications de ces déformations de l’arche interne du pied. Consulter un podologue si tel est votre cas. Non seulement cela vas corriger la voûte du pied mais en plus cela aura un effet sur la posture de la personne qui du coup compensera moins.
b) Effets sur des lésions du bassin : la bascule du bassin
Bien que je fasse l’éloge de la podologie et des semelles orthopédiques dans le cas de pieds creux ou plats, je mets quand même un « ola » en ce qui concerne le traitement des bascules du bassin par des semelles. En effet, la plupart des bascules du bassin sont d’origines mécaniques. Mettre des semelles orthopédiques ne ferait que « poser » la lésions mécaniques du bassin. Cela ne résoudrait rien du tout. Le podologue se focalisant uniquement sur la différence de taille des jambes, celui-ci corrige la différence de longueur par des semelles. Or, en ostéopathie nous pouvons corriger une bascule du bassin et dès lors avoir un effet sur l’appui des pieds et la longueur des membres inférieurs. Alors avant toutes choses consulter un ostéopathe avant d’aller vous faire poser des semelles.
IV Point sur la posture
Pour en avoir fait l’expérience, les semelles peuvent jouer un grand rôle sur la posture. Vous avez votre cambrure du dos qui s’inversent, les épaules rentrées vers l’intérieur etc. les semelles peuvent être un complément dans le maintient d’une bonne posture. Il est important de noter qu’une mauvaise posture peut avoir des incidences néfastes sur le rachis
V Conclusion
Les semelles orthopédiques sont de très bonnes solutions lorsque l’on fait face à des pieds creux ou des pieds plats à conditions que ce soit des semelles vraiment adaptées. En effet il y a podologue et podologue. La différence entre un bon podologue et un mauvais podologue? Les deux mettent des semelles mais c’est pas pareil 🙂 Il est essentiel de se renseigner avant de trouver le bon. Dans le cas où les semelles seraient prescrites dans le but de corriger une bascule du bassin, ces dernières ne peuvent pas forcément avoir un bon impact sur la posture car la lésion primaire est souvent corrigible avec l’ostéopathie. C’est pourquoi il est nécessaire de passer par la case ostéopathe afin de corriger éventuellement une telle bascule. Pour ce qui est de l’hallux valgus, à mon sens, seule l’opération chirurgicale donne de très bons résultats. De plus, en ce qui concerne les autres pathologies décrites dans l’article comme les diverses entorses l’ostéopathe est d’une très grande efficacité. Les semelles ont une visée thérapeutique bien précise. Selon moi, trop de semelles sont posées à tort. Elles sont proposées comme remède miracle pour des douleurs du membre inférieur mais elles sont en réalité efficaces seulement pour certaines pathologies du pied mais peuvent être d’un grand intérêt en ce qui concerne la posture.